Un automne effervescent marqué par un vent d’espoir
Dre Christine Grou, psychologue et présidente de l’Ordre des psychologues du Québec - presidence@ordrepsy.qc.ca
C’est avec beaucoup d’enthousiasme que nous envisageons (déjà !) cette rentrée, laquelle sera marquée non seulement par un vent de fraîcheur, mais aussi par un espoir renouvelé, et ce, tant pour l’accessibilité aux services compétents que pour la profession. Cette période de l’année, qui s’annonce effervescente, compte en effet plusieurs projets et chantiers qui m’emballent au plus haut point. Dans les prochaines lignes, vous trouverez un aperçu de tout ce qui nous attend au cours des mois à venir.
Vers la reconnaissance du diagnostic pour les psychologues : consultations parlementaires sur le projet de loi 67
Le 4 juin dernier, le projet de loi 67 a été déposé; il vise à modifier le Code des professions pour moderniser le système professionnel et élargir certaines pratiques professionnelles, notamment en reconnaissant les conclusions cliniques des psychologues comme un diagnostic. Après des années de représentations et de travaux, ce projet de loi constitue une étape majeure pour la reconnaissance de notre travail et de notre expertise. Si le projet de loi 67 est adopté, il mettra fin à une confusion sémantique persistante concernant l’évaluation des troubles mentaux et des troubles neuropsychologiques, qui seront désormais formellement reconnues comme étant des «diagnostics».
Il s’agit là d’une étape cruciale pour l’accès aux soins en santé mentale pour le public, ainsi que pour une meilleure fluidité dans le parcours de soins. Ce projet de loi pourrait en effet avoir des retombées tangibles et concrètes pour les décideurs, les employeurs, les assureurs, les tribunaux et les différents ministères et organismes. Par exemple, dans le réseau de la santé, une personne présentant un épisode dépressif majeur diagnostiqué par un psychologue pourrait avoir un accès direct au programme-clientèle afin d’obtenir un traitement sans attendre une évaluation médicale. De plus, la reconnaissance du diagnostic des psychologues et neuropsychologues par différentes instances contribuerait à désengorger les cabinets des médecins de famille, pour ne nommer que ces exemples.
Les représentations de l’Ordre et des différents acteurs du système professionnel convergeront en commission parlementaire cet automne, en faveur de cette modification législative. L’Ordre des psychologues suivra de très près le cheminement de ce projet de loi et vous tiendra informés des prochaines étapes de cet important chantier. Je tiens également à vous assurer que l’Ordre sera là pour vous accompagner à travers les transformations que pourrait entraîner ce projet de loi sur le terrain ainsi que dans votre pratique professionnelle.
Adoption d'une nouvelle planification stratégique
La planification stratégique de l’Ordre 2024-2027 a été adoptée en juin dernier par le conseil d’administration. À l’issue de réflexions approfondies, d’échanges lors de la Tournée de la présidente et d’une consultation Léxi sur des enjeux liés à la pratique et l’accessibilité aux services, nous avons mis en place un plan détaillé qui structurera nos objectifs, nos orientations et nos actions pour les trois prochaines années. Cet exercice s’avère crucial pour s’assurer que les activités de l’Ordre sont bien arrimées avec les besoins de la population et les réalités contemporaines des psychologues. Ce plan stratégique s’articule autour des trois valeurs phares de l’Ordre – intégrité, rigueur et respect – qui ont été définies et explicitées au cours de l’exercice de façon à avoir une meilleure portée et une plus grande résonance.
Ce plan stratégique repose par ailleurs sur trois piliers principaux. Le premier pilier consiste à renforcer notre impact sur la prise en charge de la santé mentale ; les orientations privilégiées pour y parvenir sont de promouvoir une accessibilité accrue aux soins et services psychologiques, de renforcer la prévention en santé mentale, et d’accroître la reconnaissance et la compréhension du rôle du psychologue et sa contribution essentielle à la société. Le deuxième pilier de cette planification stratégique : approfondir la relation avec les psychologues et les futurs psychologues, et contribuer à leur développement professionnel. Les orientations pour y arriver incluent notamment de veiller à l’excellence des prestations de services psychologiques, de promouvoir l’engagement actif des membres et de susciter l’intérêt des futurs membres. Enfin, le troisième pilier consiste à poursuivre le développement structuré de l’organisation. Pour ce faire, l’Ordre prévoit de consolider les assises financières et d’assurer une gestion stratégique optimale des ressources (humaines, financières, informationnelles et matérielles).
Chacune des orientations énumérées ci-dessus est liée à des actions à la fois concrètes et précises permettant d’atteindre l’ensemble des objectifs de ce plan stratégique. Vous pourrez bientôt consulter les détails du plan stratégique dans le site Web de l’Ordre.
À ne pas manquer : le prochain congrès de l’Ordre
Sous le thème « Essentiel », le Congrès 2024 de l’Ordre se tiendra les 27, 28 et 29 novembre prochains au Sheraton Laval. Je suis très fière du travail accompli par le comité scientifique, qui a su construire un congrès comptant une foule d’activités des plus stimulantes et enrichissantes pour les psychologues. Pour l’occasion, des formateurs chevronnés et inspirants offriront des ateliers d’une journée traitant d’enjeux d’actualité. Présenté le 27 novembre, le précongrès sera quant à lui consacré entièrement à l’intelligence artificielle, proposant un tour d’horizon éthique, sociétal et clinique mené par des experts de renom. J’aurai le bonheur de prononcer la conférence qui marquera le début du congrès le 28 novembre. Pour sa part, la psychologue Nathalie Plaat présentera la conférence matinale le 29 novembre, où elle exposera ses réflexions sur l’apport à la fois unique et essentiel du psychologue.
Production d’un mémoire sur la diversité sexuelle et de genre
Au cours de la dernière année, nous avons reçu plusieurs communications, à la fois de membres et de citoyens, à propos de l’évaluation de la dysphorie de genre et des interventions qui en découlent. À la suite de l’invitation du comité de sages mandaté par le gouvernement pour prendre position, l’Ordre des psychologues, en association avec l’Ordre des sexologues, a décidé de produire un mémoire réflexif sur la question. Pour ce faire, nous avons fait appel à des experts chercheurs et cliniciens afin qu’ils nous éclairent sur les questions concernant la diversité sexuelle et la dysphorie de genre.
Plus précisément, ces travaux portent entre autres sur les approches thérapeutiques pour les jeunes transgenres et de diverses identités de genre, l’évaluation et le traitement, le développement, la santé mentale, les enjeux vécus, l’accès aux soins et le rôle des fournisseurs de soins de santé, avec un regard sur les enjeux éthiques et déontologiques, ainsi que les recommandations et les standards de soins à l'échelle nationale et internationale.
Vous êtes d’ailleurs nombreux à avoir participé à la consultation sur la diversité sexuelle et de genre tenue en juin dernier sur Léxi. Je tiens à vous remercier pour votre contribution et vos réponses, qui seront d’une grande aide en vue de la publication de ce mémoire, mais qui nous permettront aussi de mieux cerner vos besoins au regard de cette clientèle et les enjeux cliniques qui vous préoccupent. Dès que ce mémoire sera publié, nous veillerons à vous en faire part.
Dossier sur l'hypnose et précisions importantes
Comme vous pourrez le constater dans le dossier thématique de ce numéro présenté par notre expert invité, le Dr David Ogez, psychologue, l'hypnose peut s'avérer un outil thérapeutique fort utile dans le cadre d'une psychothérapie, mais aussi lors de la prestation de soins, ou encore en matière de gestion de la douleur, notamment.
Vous pourrez aussi trouver dans ce numéro une chronique traitant d'un tout autre sujet qui est consacrée à « l’hypnose spirituelle de régression dans les vies antérieures et dans l’entre-vies ». Soulignons que l’Ordre reçoit régulièrement des signalements concernant des hypnothérapeutes, et plus récemment, il a été spécifiquement interpellé sur cette application de l'hypnose qui semble en émergence au Québec, requérant ainsi une attention particulière. Faisant suite à des travaux d'analyse, cette chronique a pour objectif de déterminer si cette application spécifique de l’hypnose peut être exercée par des psychologues considérant leurs obligations déontologiques. Elle vise également à déterminer si elle peut être légalement exercée par des hypnothérapeutes ou hypnologues non détenteurs d’un permis de psychothérapeute, considérant la réserve de l’exercice de la psychothérapie.
En aucun cas cette chronique ne concerne l’utilisation de l’hypnose traditionnellement utilisée en psychologie reposant d’ailleurs sur des données probantes ou des fondements scientifiques reconnus.
Sur ce, je vous souhaite une belle rentrée, et une bonne lecture !