Une année des plus fertiles en initiatives et projets pour l'Ordre
Dre Christine Grou, psychologue et présidente de l’Ordre des psychologues du Québec - presidence@ordrepsy.qc.ca
L'année 2023 est déjà bien entamée, et les défis ne manquent pas! L’Ordre demeure en effet fortement sollicité, notamment par les différents ministères du gouvernement et groupes de travail. Ces nombreuses consultations exigent certes un travail colossal, mais représentent des occasions concrètes que nous nous devons de saisir afin de mettre de l’avant les préoccupations des psychologues sur le terrain. Nous sommes bien conscients des enjeux auxquels vous faites face au quotidien et nous faisons valoir les solutions à mettre en place afin de vous soutenir dans vos pratiques, afin de permettre à la population d’avoir accès à vos services, car les besoins sont grands, et de vous permettre d’exercer votre jugement clinique.
Comité sur l’optimisation de la formation en psychologie et en santé mentale
En décembre dernier, le gouvernement annonçait la mise en place d’un groupe de travail sur l’optimisation de la formation en psychologie, présidé par la psychologue et ancienne ministre de l’Enseignement supérieur Hélène David, soutenue par le Dr Luc Granger, psychologue, à titre de conseiller spécial. Mme David a déposé des orientations préliminaires en février.
Parmi les trois objectifs de ce comité, on visait à proposer des pistes pour optimiser la formation des psychologues, dans un contexte où les besoins en santé mentale ne cessent de croître. On envisageait également de dégager des pistes de réflexion pour mettre à profit les compétences et les connaissances des bacheliers en psychologie, notamment, afin de répondre à certains des besoins en première ligne.
Je comprends tout à fait l’inquiétude exprimée quant aux recommandations finales que pourrait faire ce comité. Je tiens ainsi à vous rassurer et j’insiste sur la position qu’a tenue l’Ordre des psychologues, et ce, dans toutes ses représentations : nous voulons tous une accessibilité accrue aux services psychologiques, mais nous n’accepterons jamais que cela se fasse au détriment de la compétence des psychologues et de la qualité des services offerts à la population. De plus, soulignons qu’il n’a jamais été question de diminuer les exigences, les compétences ou la qualité de la formation doctorale pour accéder au titre de psychologue.
Par ailleurs, lorsque l’Ordre s’est entretenu avec ce comité, nous avons saisi l’occasion pour rappeler les enjeux critiques liés à l’attraction et à la rétention des psychologues dans le réseau public. Il est en effet essentiel, tant pour la qualité des soins que pour leur pertinence, de mettre fin à l’exode des psychologues du réseau de la santé et des services sociaux, pour assurer l’accessibilité aux services psychologiques à la population, pour garantir la supervision des doctorants et pour offrir une réelle interdisciplinarité, essentielle en santé mentale.
Percevant une grande ouverture de la part de la présidence du groupe de travail, fortement interpellée par l’ensemble des enjeux et problématiques énumérés et décrits en détail par l’Ordre, nous avons aussi profité de l’occasion pour livrer au comité un rapport proposant notamment des pistes de solution pour la formation et l’organisation des services intégrant des bacheliers. Ces réflexions sont basées sur les échos reçus à la suite de notre consultation des membres sur Léxi, sur une revue de la littérature sur les différents modèles en place à travers le Canada et ailleurs dans le monde, ainsi que sur une recension de certaines pratiques des plus prometteuses sur le terrain.
Nous comptons poursuivre cette démarche de collaboration avec le groupe de travail jusqu’à la fin, et ce, afin de pousser plus loin les orientations du rapport préliminaire. Nous espérons vivement que le gouvernement fera des actions concrètes pour lever certains freins actuels à l’accessibilité compétente, et que votre voix et la nôtre auront été entendues.
Léxi
J’étais bien heureuse de lancer, en février, la plateforme de consultation Léxi, annoncée depuis un moment déjà, avec comme tout premier thème les enjeux sur lesquels s’est penché le comité présidé par Hélène David, soit l’optimisation de la formation en psychologie. Votre participation enthousiaste et généreuse me réjouit, car les données recueillies grâce à tous les psychologues qui y ont contribué ont une grande valeur, puisqu’elles viennent de vous, du terrain, et en temps réel.
Comme vous le savez, il a toujours été crucial pour moi de bien comprendre ce qui se vit sur le terrain, dans vos bureaux, dans vos milieux de pratique. Au courant de l’année, je souhaite d’ailleurs pouvoir vous consulter encore davantage dans mes représentations diverses via la plateforme de consultation Léxi.
Le plan santé du gouvernement Legault
En mars 2022, le ministre de la Santé, Christian Dubé, lançait de vastes chantiers à la suite de la publication de son Plan pour mettre en œuvre les changements nécessaires en santé.
L’un de ces chantiers concerne l’élargissement des pratiques professionnelles. L’Ordre y participe très activement. Le principal objectif de ces travaux consiste à analyser, en collaboration notamment avec les autres ordres professionnels et des représentants du ministère et du réseau de la santé, si on peut élargir certaines pratiques, sans compromettre la sécurité et la qualité des soins et services, afin de rendre ceux-ci plus accessibles dès la première ligne et d’en assurer la continuité auprès de la population.
Dans le cadre de ces travaux, l’Ordre a pu rappeler avec insistance que le fait de pouvoir utiliser le mot diagnostic au lieu d’évaluation des troubles mentaux et neuropsychologiques permettrait de clarifier la confusion sémantique autour de cette activité réservée, et ainsi d’en favoriser l’accès. L’Ordre a également réitéré que, si l’on permettait aux psychologues de diriger directement les patients vers un médecin spécialiste en cas de besoin et de prescrire un arrêt de travail en raison d’un problème de santé mentale, on éviterait une consultation obligatoire auprès d’un médecin de famille, ce qui rallonge la trajectoire du patient et retarde l’accès aux soins nécessaires. Nous avons également défendu la compétence des psychologues et neuropsychologues en matière d’ordonnance de garde, d’autorisation à poursuivre un séjour de plus de 90 jours en centre de traitement des dépendances, et d’évaluation de l’aptitude à comparaître en cour criminelle.
Au fil du temps
Je suis aussi particulièrement fière de voir naître notre site Au fil du temps, un projet que je chéris et dont je rêvais depuis plusieurs années! Rappelons que cette initiative vise à expliquer, de façon accessible, le vieillissement du cerveau et les nombreux enjeux pouvant en découler, et ainsi à favoriser la bienveillance et la bientraitance auprès des personnes âgées et des proches aidants. Je vous invite à consulter Au fil du temps, en espérant qu’il serve de ressource et de référence pour les personnes âgées, les proches aidants, le personnel de la santé, par exemple les préposés aux bénéficiaires, mais aussi la famille et l’entourage des aînés.
Un nouveau dossier thématique à découvrir
Je vous invite en terminant à jeter un oeil attentif au dossier de ce présent numéro concernant un sujet important et d’actualité : les troubles liés à l’usage de substances psychoactives, sous la direction de l’experte invitée, la Dre Karine Bertrand, psychologue.
Bonne lecture!