Méta-analyse portant sur l’efficacité de la thérapie par le jeu de sable

Un psychologue souhaite identifier les techniques d’intervention indiquées auprès d’enfants répondant difficilement à une modalité de psychothérapie verbale en explorant d’autres options que la thérapie par le jeu classique.

La thérapie par le jeu de sable est une approche centrée à la fois sur le corps et sur la pensée. Elle consiste à créer des images grâce à du sable, de l’eau et des figurines dans le contexte de la présence sécurisante du thérapeute et de son écoute empathique. Elle vise l’avancement du développement psychologique du client en encourageant le processus d’individuation. Ce dernier peut choisir un déroulement de séance sous forme de jeu, d’une histoire racontée ou en silence, à sa discrétion. Il s’agit d’une méthode encourageant le travail autodirigé et non verbal à partir d’une tâche manuelle permettant l’expressivité. L’approche thérapeutique est non directive et demeure non interprétative en cours de jeu, tout en misant sur le langage symbolique et la possibilité de s’exprimer par la mise en scène. Ceci permet un engagement thérapeutique lorsque la communication verbale ou la prise de conscience sur le plan cognitif ne semblent pas permettre au client de s’exprimer et d’explorer ses enjeux psychologiques.

Grâce à une position d’attention particulière et d’écoute active du thérapeute, la thérapie par le jeu de sable permet ainsi au client de réguler les réponses de stress et d’explorer certains aspects d’un trauma d’une manière contrôlée et sécurisante. Des études par neuro- imagerie ont permis de mettre en lumière l’amélioration du fonctionnement de certains réseaux neuronaux du cortex frontotemporal à la suite de l’exposition à cette forme de thérapie, laquelle est reconnue comme pouvant porter fruit autant auprès d’une population d’enfants que d’adultes aux prises avec des problèmes tels que l’anxiété, la dépression, un trauma, des enjeux de dépendance, un TDA/H, certains troubles de la personnalité ainsi que d’autres problématiques de nature émotionnelle, comportementale, somatique ou sociale.

La présente méta-analyse porte sur des études qualitatives évaluant les résultats comportementaux et émotionnels découlant d’une thérapie par le jeu de sable menée auprès de populations hétérogènes. La définition de cette thérapie a été opérationnalisée en considérant des critères d’inclusion précis. Un système d’évaluation de la qualité de chaque étude sélectionnée a été mis sur pied. Ce système de cotation a été appliqué à chaque étude ayant été effectuée entre 1990 et juin 2020, pour un total de 1715 études au départ. Cela a permis de répondre aux 12 critères de sélection d’études de qualité en contexte de méta-analyse proposés par l’American Psychological Association. L’évaluation de traitements validés empiriquement a donc été considérée pour la création de ce système et, ainsi, chaque étude sélectionnée devait présenter (a) un groupe de comparaison approprié ou un groupe contrôle ; (b) une assignation randomisée des participants à la condition expérimentale ou de contrôle ; (c) des critères d’inclusion et d’exclusion pour les participants ; (d) un respect des critères d’inclusion définis, et (e) des résultats dont la mesure satisfait des critères de fidélité et de validité satisfaisants. Parmi les 1715 études identifiées, un total de 40 études a été retenu dans la méta-analyse finale.

Les résultats de cette méta-analyse concluent à une taille d’effet importante en faveur de la thérapie par le jeu de sable comparativement au groupe contrôle. Cette taille d’effet robuste s’avère, d’une part, comparable à celles obtenues par des méta-analyses portant sur l’effet de thérapies psychodynamiques différentes et, d’autre part, légèrement supérieure aux tailles d’effet de méta-analyses portant sur des thérapies partageant certaines caractéristiques avec la thérapie par le jeu de sable (par exemple la thérapie basée sur la pleine conscience, ou la thérapie par le jeu centrée sur l’enfant).

Des études antérieures, notamment certaines portant sur la thérapie cognitivo-comportementale, ont fait ressortir l’effet supérieur de la psychothérapie lorsqu’il est question de troubles internalisés plutôt qu’externalisés, ce qui n’est pas le cas de la thérapie par le jeu de sable. En effet, les résultats de cette méta-analyse pointent vers des résultats aussi concluants pour les personnes souffrant de troubles internalisés que pour celles aux prises avec des troubles externalisés ou présentant des symptômes de TDA/H. Ces résultats pourraient être attribuables au fait que la thérapie par le jeu de sable est multisensorielle, permet une exploration symbolique du vécu affectif, est moins axée sur la modalité verbale et concerne une approche activement expérientielle. Ceci présente plusieurs avantages pour certaines populations, comparativement à la thérapie traditionnelle axée sur la parole, et peut permettre une initiation plus aisée à la psychothérapie. Par exemple, grâce à cette modalité thérapeutique, les personnes aux prises avec des difficultés verbales ont accès à un espace sécuritaire, direct et contenant afin d’accéder à leurs difficultés et de les voir évoluer.

Des résultats ont également fait ressortir de plus nettes améliorations chez les personnes rencontrées en modalité individuelle plutôt qu’en groupe, recevant ainsi l’attention entière du thérapeute. Notons que les améliorations sur le plan clinique ont été mises en lumière en moins de 10 séances. Les mesures présentées dans cette méta-analyse concernaient principalement la symptomatologie des participants plutôt que leurs objectifs de vie, mais il y a lieu de penser qu’un plus grand nombre de séances pourrait permettre une exploration plus en profondeur du vécu des participants et de leurs enjeux psychologiques. Dans de futures études, considérant l’expérience humaine des participants, il pourrait être intéressant de se pencher sur des mesures additionnelles afin de mieux comprendre les processus en jeu dans la thérapie par le jeu de sable au-delà de la gestion des symptômes.