Arrêt de travail et avis sur la médication d’un client : le point sur ce qui est autorisé au psychologue 

Arrêt de travail et avis sur la médication d’un client : le point sur ce qui est autorisé au psychologue 


Un psychologue peut-il déterminer qu'un arrêt de travail est nécessaire à la santé mentale de la personne qui le consulte? Peut-il se prononcer sur la médication qu’elle reçoit et sur la nécessité de l'ajuster ou de la changer

Mise en contexte

Il arrive assez fréquemment qu’on nous adresse ces questions et, pour y répondre, il y a lieu de se référer au contexte clinique et légal dans le cadre duquel les psychologues exercent.

Selon le Code des professions, le champ d'exercices du psychologue est le suivant :

« Évaluer le fonctionnement psychologique et mental ainsi que déterminer, recommander et effectuer des interventions et des traitements dans le but de favoriser la santé psychologique et de rétablir la santé mentale de l’être humain en interaction avec son environnement. »

En outre, la loi réserve aux psychologues le diagnostic des troubles mentaux et aux neuropsychologues, le diagnostic des troubles neuropsychologiques. Ainsi, il est clair que les psychologues sont habilités à diagnostiquer un trouble mental ou neuropsychologique, à communiquer leurs conclusions quant à leur présence et, ce faisant, à exercer leur jugement clinique pour émettre les recommandations qui en découlent et déterminer un plan de traitement.

Arrêt de travail ou retour progressif au travail

Dans ce contexte, il est tout à fait légitime que le psychologue conclue sur la pertinence d’un arrêt de travail ou d’un retour progressif au travail, et ce, dans le but de de rétablir la santé mentale et favoriser la santé psychologique de la personne qui le consulte. Il peut ainsi signer un billet d’arrêt de travail ou de retour au travail.

Il existe toutefois des exigences légales, réglementaires et administratives rattachées aux formulaires gouvernementaux ou à ceux des compagnies d’assurances et des employeurs pour autoriser la compensation d'un congé dit de maladie. La plupart du temps, une évaluation médicale est exigée. Malgré la compétence et l’habilité du psychologue à évaluer l’aptitude d’une personne à travailler ou non lorsqu’il est question de santé mentale, la terminologie utilisée dans de tels contextes est souvent de « prescrire un arrêt ou un retour au travail », ce qui, aux yeux de plusieurs, disqualifie le psychologue qui ne détient pas cette habilitation de « prescrire un traitement », mais plutôt de « conclure » ou « recommander ». En pareil cas, le psychologue peut :

  • rappeler au client que n'étant pas médecin, il se peut que ses conclusions et recommandations ne soient pas recevables en raison des directives alors imposées;
  • inviter le client à vérifier auprès des instances en cause si l’évaluation médicale est absolument requise et si l’évaluation d’un psychologue peut répondre à leur demande d’information professionnelle;
  • faire des recommandations dans la section du formulaire prévue pour ce faire tout en prenant bien soin de s’identifier clairement comme psychologue;
  • communiquer ses conclusions au médecin traitant, dans une perspective de contribution multidisciplinaire.

Cela dit, nous croyons que l’entrée en vigueur du projet de loi 67 qui reconnaît formellement les compétences diagnostiques du psychologue contribuera certainement à modifier les pratiques actuelles. D’ailleurs, nous constatons déjà une évolution sur le terrain : certaines instances ont récemment communiqué avec nous afin de valider s’ils pouvaient accepter des arrêts de travail recommandés par des psychologues. Toutefois, si le psychologue ne se sent pas à l’aise pour faire de telles recommandations ou ne croit pas en avoir les compétences, il doit s’en abstenir en informant le client des raisons de son refus de donner suite à la demande qui lui est adressée (ce qui, notamment, contribuera au maintien de l’alliance thérapeutique avec ce dernier).

Ajustement de médication

En ce qui a trait à la pertinence d’une médication ou à son ajustement, le psychologue n’est pas légalement habilité pour se prononcer sur ces questions.

Toutefois, il arrive régulièrement que le psychologue qui assure le suivi en continu des clients (patients) de médecins soit à même de relever des comportements, manifestations ou symptômes qui témoigneraient d’éventuels effets de la médication. Ce sont des informations qui peuvent être précieuses pour le médecin traitant. Il est entendu par ailleurs que le psychologue ne peut faire de recommandations autres que celle de dire à son client d’aborder la question de la médication avec son médecin traitant et de lui faire part des manifestations qu’il relève. Il peut aussi demander au client l’autorisation de communiquer avec le médecin pour lui faire part directement d’observations dont ce dernier pourra tenir compte pour éventuellement modifier ou ajuster la médication.