Conflits d’intérêts et rôles multiples
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Mise à jour - 11 septembre 2024
1. Est-ce qu’un psychologue qui exerce dans une organisation (publique ou privée) peut recommander ses propres services en cabinet privé (i.e. couramment appelé faire de l'« autoréférence » ou de l’« autopromotion »)?
Dans cette situation, il sera utile au psychologue de consulter notamment les art. 23, 28, 42 et 44 du Code de déontologie. Ce psychologue devra d’abord vérifier si l’organisation qui l’emploie a une politique empêchant ou encadrant l’autoréférence. Il peut par ailleurs communiquer à son employeur les enjeux déontologiques auxquels il fait face dans cette situation et convenir avec lui d’une réponse ou d’un suivi. Si l’organisation a une politique concernant ce type d’autopromotion, le psychologue devra s’engager à observer cette orientation organisationnelle.
Si l’organisation n’a pas de politique sur le sujet, le psychologue devra s’assurer tout de même que ses recommandations ne peuvent être perçues comme étant une incitation pressante et injustifiée à recourir à ses propres services professionnels en cabinet privé. De plus, il devra s’assurer que le client a plus d’une option à envisager pour trouver les services dont il a besoin. Afin d’écarter toute ambiguïté et d’éliminer toute perception ou toute présomption mal fondée, ce psychologue pourrait s’inspirer de la « position prudente » décrite dans la chronique de déontologie parue à l’Ordre (Houde, 20171) et la communiquer clairement aux clients et à son employeur le cas échéant. Cette chronique suggère que le psychologue doit, dans une telle situation : s’abstenir d’offrir d’emblée ses propres services en cabinet privé, favoriser l’aiguillage vers des ressources compétentes et considérer les demandes et les démarches initiées par le client lui-même.
Dans ces circonstances, il est possible, sauf exception, que le psychologue accède à la demande du client. Le psychologue documentera, dans sa note initiale, l’effort et l’initiative du client de le retrouver pour obtenir ses services en cabinet privé. Ainsi, le psychologue s’assure que l’intérêt du client de recevoir des services du psychologue de son choix est respecté, et ce, sans laisser croire qu’il pourrait exercer des pressions injustifiées sur son client pour lui offrir ces mêmes services.
1 Consultez la chronique Recommander ses propres services en cabinet privé.
2. Le psychologue se place-t-il en conflit d’intérêt s’il accepte de recevoir un patient à la suite d’une recommandation d’un professionnel (ex. : un médecin) avec qui il a des liens personnels ou familiaux?
Ce psychologue doit évaluer ce qui est dans le meilleur intérêt du client qui lui est référé (art. 23 du Code de déontologie) de même que le risque de conflit d’intérêts posé par la situation. Entre autres, il sera important d’établir si la relation avec le professionnel avec qui vous avez des liens personnels ou familiaux pose des enjeux dans le cadre d’un suivi conjoint d’un client. Si vous estimez que ce client pourrait bénéficier de vos services sur le plan médical et psychologique et que votre relation avec ce professionnel ne risque pas de compromettre la qualité des services que vous seriez appelé à rendre à ce client, le suivi pourrait avoir lieu. Le client devra toutefois être informé de la situation et, afin d’éviter toute ambiguïté, il sera important de clarifier avec le client ce qui pourra être discuté entre vous et le professionnel avec qui vous avez des liens, ainsi que le contexte où ces échanges pourront avoir lieu.
En revanche, dans d’autres situations, le psychologue lui-même pourrait réaliser qu’étant donné l’existence de ce lien avec le professionnel traitant et la nature des communications qu’il aurait à effectuer, il se placerait dans une situation inconfortable pour intervenir ensuite auprès de son client ou encore, que cette relation risquerait d’influencer de façon négative la qualité des services offerts. Dans cette situation, une référence à un autre psychologue serait nettement préférable dans l’intérêt du client. Pour lire davantage à ce sujet, vous pouvez consulter la chronique de déontologie parue à l’Ordre sur le sujet (Dupuis, 20111).
1 Dupuis, D. (2011, janvier). Dimension déontologique de la relation médecin-psychologue. Psychologie Québec, 29(1), 11- 13.
3. On m’a référé un nouveau client et je réalise que ce client connait l’un de mes clients actuels : est-ce qu’il est permis au psychologue de voir deux clients qui se connaissent?
Bien que traiter des individus associés les uns aux autres ne soit pas strictement interdit, dans l'intérêt supérieur de ces deux clients, il pourrait être prudent d’envisager de poursuivre avec le premier client et de référer le nouveau client à un autre psychologue. Il faut comprendre que l'indépendance professionnelle consiste en l'absence d'influences externes sur un processus professionnel. Si l'un des clients vous parle de l'autre client, au final, cette influence représente un risque potentiel aux services que vous offrez à chacun de ces clients. Dans le contexte de deux clients fragiles, cela risquerait de nuire à la qualité des services offerts.
Dans le cas où un psychologue choisira de référer l’un des deux clients, il doit demeurer vigilant à ne pas briser le secret professionnel (i.e. il ne faudrait pas dévoiler que « votre meilleur ami me consulte, donc je préfère vous référer vers une autre ressource »).
La décision d'accepter ou non des clients individuels qui sont liés par la famille, l'amitié ou qui sont impliqués les uns avec les autres de toute autre manière dépendra d'une évaluation des circonstances, incluant la disponibilité ou non d’autres professionnels dans un milieu donné (ex. : en régions éloignées), de la nature de cette relation et du potentiel d'implication croisée à tout moment. Dans plusieurs cas, il sera préférable de référer à un autre psychologue.
Une vérification en amont pourrait éviter cette problématique, par exemple si le psychologue prend soin de vérifier avec un nouveau demandeur de services comment il a obtenu son nom et s’il connait quelqu’un qui l’a déjà consulté.
4. Un psychologue voit un couple en psychothérapie et l’un des membres de ce couple souhaite cesser les rencontres en couple et poursuivre en individuel : est-ce que cela est permis comme psychologue?
Oui, cela est possible. Une telle décision doit toutefois être prise en tenant compte de l’intérêt supérieur de toutes les personnes impliquées, soit les deux clients formant le couple. Les deux clients doivent consentir et ils doivent être informés du fait qu’un suivi individuel entamé auprès d’un des deux conjoints empêchera la poursuite des séances de couple pendant et après la durée de la consultation individuelle. Il va de soi qu’un suivi ne pourra pas être offert à chaque membre du couple individuellement. Une référence à un autre professionnel pourra être envisagée pour le suivi individuel de l’autre membre du couple si cela est requis.
La décision d’offrir des services individuels à un des deux conjoints (après une consultation de couple) ne doit pas compromettre l’indépendance professionnelle du psychologue. Des enjeux cliniques doivent être évalués, notamment les sujets abordés pendant les séances de couple, la dynamique du couple, l’alliance thérapeutique pendant le suivi, le contre-transfert du psychologue, etc.
Si la demande de suivi individuel survient après la fermeture du dossier de suivi de couple, le consentement de l’autre conjoint peut être demandé lorsqu’indiqué, cette possibilité devant être balancée avec le droit à la confidentialité du demandeur de soins. Plus il s’est écoulé de temps depuis la fin du suivi de couple, plus l’obtention du consentement peut ne pas être indiquée (ex. : dans un cas où la relation se serait soldée par une séparation, il y a plus de 10 ans, il ne serait pas approprié de demander le consentement de l’ex conjoint. Le demandeur de soins devrait tout de même être avisé que la thérapie de couple ne sera plus possible par la suite).